Depuis le 24 décembre 2016, Sophie Pétronin, 73 ans, est retenue en otage au Mali par un groupe affilié à Al-Qaïda. Il y a 9 ans nos journalistes étaient partis à sa rencontre à Gao où l'humanitaire a créé une association de lutte contre la malnutrition des enfants.
Le déclic s'opère en 1996 quand Sophie Pétronin effectue son premier voyage à Gao, au Mali. Elle y rencontre alors une population qui vit dans un grand dénuement. Son engagement humanitaire ne fait que commencer. Deux ans plus tard, elle créé l'Association d'Entraide Nord Gao en France puis en 2004, avec des amis suisses, l'Association d'Aide à Gao (AAG).
En 2009, c'est là, au nord du Mali, que notre équipe de journalistes la rencontre. Avec son ONG, la franco-suisse tente de lutter contre la malnutrition des enfants, en particulier des orphelins.
"Ils [les enfants pris en charge par l'association, ndlr] ont dû se battre, ils ont dû se battre pour survivre. Ça développe les sens, ça les aide aussi. J'ai pu constater que les malnutris étaient plus éveillés, avec une plus grande sensibilité que les autres", raconte-t-elle alors à notre équipe.
Au père de nourrissons prématurés, elle explique un peu plus tard : "Si tes enfants sont comme ça aujourd'hui, si ta femme a un lait avec une qualité insuffisante pour bien les nourrir, c'est parce que tu manques de moyens. Parce que nous sommes dans une région pauvre. La plus pauvre du Mali. Il n'y a pas de travail. Pas de moyens, de ressources financières. Et que tu fais tout ce que tu peux, avec ce que tu as."
Otage depuis deux ans
Sophie Pétronin est enlevée le 24 décembre 2016. Aucune nouvelle, aucune revendication jusqu'au 1er juillet. C'est alors qu'un groupe proche d'Al-Qaida au Maghreb islamique dévoile une vidéo.
Dans la dernière vidéo transmise par ses ravisseurs en juin dernier, l'humanitaire apparaît très fatiguée. Son fils, Sébastien Chadaud-Pétronin se bat depuis deux ans pour obtenir sa libération.
Le 14 décembre dernier, il a tenu une conférence de presse à Paris pour raconter les démarches qu'il vient d'effectuer lui-même en Mauritanie et au Sahel. Il a assuré alors ne plus avoir de contact avec le gouvernement français.
Le président Emmanuel Macron avait alors répondu, depuis Bruxelles, aux inquiétudes du fils de Sophie Pétronin en déclarant : "l'État continue d'agir sans relâche".