[19/12/2018]    

G5 Sahel : les parlementaires prennent le taureau par les cornes



C'est à travers un comité d'action que des députés français et européens, alliés à leurs homologues des pays du G5 Sahel, entendent rendre plus transparente l'action des forces armées dans cette région.

Nous continuerons à être engagés jusqu'à ce que la victoire soit complète », estime Emmanuel Macron. Selon le président français, la France répond à « l'intégralité des engagements pris vis-à-vis des pays du G5 Sahel (Mali, Niger, Mauritanie, Burkina Faso et Tchad) pour lutter contre les groupes djihadistes », a-t-il déclaré cette semaine en recevant son homologue burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, avant de se rendre samedi au Tchad.

La force du G5 Sahel mobilisée de toutes parts
Du côté du terrain, l 'attentat contre le poste de commandement du G5 Sahel en juin dernier à Sévaré, au Mali, a porté un coup dur à la force régionale et a révélé les failles sécuritaires des pays membres. Non seulement cet attentat l'a conduit à suspendre temporairement ses opérations, mais il a aussi fini par semer le doute dans les esprits. À tel point que, pour les populations, « plus il y a d'uniformes, moins il y a de sécurité ». Un véritable paradoxe qui s'explique aussi parce que les habitants ont l'impression que les bailleurs de fonds ont injecté beaucoup d'argent pour très peu de résultats.

« Le G5 Sahel a besoin d'une appropriation par ses populations, d'une approche démocratique, d'un contrôle pour une meilleure gouvernance », a expliqué le député français Jacques Maire (LREM, majorité) à l'issue d'un sommet interparlementaire G5 Sahel qu'il organisait. « La lutte contre le terrorisme a toujours des zones grises. (...) Ce qui est essentiel, c'est que nous travaillions tous à rassurer et à expliquer aux populations ce qu'est la force, y compris au niveau local », renchérit Maman Sambo Sidikou, secrétaire permanent du G5 Sahel de passage à Paris. Pour le diplomate nigérien, dont le pays assure actuellement la présidence du G5 Sahel, cette réalité est encore plus saisissante dans la région des trois frontières (Tchad à l'est, Mali-Burkina Faso-Niger au centre, Mauritanie-Mali à l'ouest, NDLR) qui pose problème. « Vous avez vu, c'était d'abord le nord du Mali, c'était le centre du Mali, puis, à chaque fois que les forces terroristes ont été poussées dans leurs retranchements, elles ont bougé et donc aujourd'hui, c'est là. Mais n'oubliez pas une chose, nous avons la Libye, nous avons les trois frontières et nous avons Boko Haram. C'est beaucoup. Je pense qu'il ne faut pas se faire d'illusions. Aucun de nous n'est épargné. Aujourd'hui, ce sont les trois frontières, demain cela peut être ailleurs. »

Une reprise des opérations en 2019 sans attendre les fonds
Face aux craintes d'enlisement, le chef d'état-major des armées françaises, le général François Lecointre, a confié à l'AFP que « l a force anti-djihadiste va reprendre ses opérations dès le début de l'année prochaine, après le coup d'arrêt subi cet été, même si toutes les aides promises ne sont pas encore au rendez-vous ». « Le général Hanena (Ould Sidi, commandant de la force, NDLR) sait qu'il peut relancer des opérations et il va le faire sans doute dès le début de l'année prochaine et éventuellement avant la fin de l'année », a-t-il déclaré en marge du sommet de Paris.

Les députés veulent avoir leur mot à dire
Ce défi opérationnel pourrait-il être relevé si les parlementaires français, européens et africains avaient leur mot à dire ? C'est en tout cas leur souhait. Jacques Maire, député LREM, vice-président de la commission des Affaires étrangères et président du groupe d'amitié France-Niger à l'Assemblée nationale, a travaillé toute l'année sur le sujet. « L'objectif, ce n'est pas plus d'annonces, mais plus de décaissements. » L'activisme de cet ancien diplomate a finalement débouché sur quelques résultats. « Nous avons convaincu d'abord les militaires qui craignent l'enlisement de recevoir notre appui, ensuite les bailleurs de fonds. En effet, ces derniers rencontrent de nombreuses difficultés pour engager les financements parce qu'il y a beaucoup de corruption et de la mauvaise gouvernance. »
« Des fonds sont mis à la disposition du G5 Sahel, il faut avoir un regard sur leur gestion. Où ça part ? Qu'est-ce qu'on a fait ? » a relevé le président de l'Assemblée nationale du Burkina Faso, Alassane Bala Sakandé. Ces derniers mois, les cinq Etats ont relancé les appels à la communauté internationale pour que les quelque 420 millions d'euros de dons promis à la force soient versés. « On entre aujourd'hui dans cette troisième phase qui est une relance de l'action et qui doit se faire conjointement à la relance des donations par les pays donateurs », a souligné le chef d'état-major des armées françaises.

Une feuille de route pour plus de transparence
En plus des enjeux sécuritaires autour du G5 Sahel, l'Alliance Sahel, qui rassemble les principaux bailleurs de fonds de la zone notamment Union européenne, Banque mondiale, BAD, France et Allemagne, doit en parallèle répondre aux besoins de développement. Le G5 avait estimé à 1,9 milliard d'euros les fonds nécessaires pour financer son programme d'investissements prioritaires (PIP) pour la période 2019-2021, qui vise en particulier les régions frontalières où les djihadistes tirent parti des carences des États pour s'implanter. En construisant des écoles, des centres de soins ou en offrant un accès à l'eau, les gouvernements espèrent fidéliser des populations déshéritées susceptibles, sinon, de céder aux sirènes djihadistes. « Notre souhait, c'est d'asseoir vigoureusement le second pilier stratégique et décisif de notre action commune, le développement économique et social du G5 Sahel », avait insisté le président nigérien, Mahamadou Issoufou, début décembre à Nouakchott.

À l'issue de la rencontre du 13 décembre, les parlementaires ont donc créé un comité, sorte de cadre d'action qui va leur permettre de mener un plaidoyer à tous les niveaux pour, d'une part, rendre plus opérationnelle la force conjointe et, d'autre part, l'aider dans la mobilisation de fonds. Concrètement, les députés pourront prendre des initiatives en matière de politique de développement et être le pont entre le monde politique, les entreprises et les citoyens. « Nous allons travailler ensemble deux fois par an avec les forces de sécurité et les bailleurs de fonds pour contrôler l'utilisation de l'argent sur le terrain. L'idée est ensuite de rendre compte à nos gouvernements pour que les lignes bougent plus vite », explique Jacques Maire, très inquiet quant à l'utilisation des fonds et balayant les risques de voir ces parlementaires instrumentalisés par les partis au pouvoir. « La corruption reste très présente dans le Sahel. C'est d'autant plus vrai sur les marchés liés aux armements avec le secret défense, qui représente un véritable obstacle à la transparence », juge assez sévèrement le député. « Même si je constate une amélioration constante des contrôles sur pièces, c'est important de ne pas se limiter aux contrôles comptables. Prenez un exemple : si un bailleur de fonds donne de l'argent pour construire une école de 500 mètres carrés, si je me rends sur le terrain et constate que cette école existe effectivement mais ne fait que 200 mètres carrés, il y a un problème. Pareil si le marché prévoit la présence d'un maître mais que celui-ci est en réalité en ville mais a envoyé à sa place son cousin pour assurer ses leçons, là aussi il y a un problème. Donc le vrai problème est la vérification sur le terrain. Et ça, nous députés pouvons le faire. »

PAR VIVIANE FORSON
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