Amener les acteurs du secteur minier à prendre conscience de l'impact négatif des flux financiers illicites en provenance des industries extractives était l’un des objectifs d’une rencontre qui a regroupé des acteurs de la société civile ouest-africaine du Burkina, de la Guinée-Conakry, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, de la RDC et de la Tunisie à Dakar au Sénégal du 30 juillet au 2 août. Aux termes des travaux, les participants ont convenu de la diversification des sources d’information.
Organisée par l’Institut de recherche et de promotion des alternatives de développement (Irpad), en partenariat avec Trust Africa, la rencontre de Dakar a, selon la vingtaine de participants, répondu aux attentes.
L’atelier qui a duré 3 jours a permis aux participants d’avoir des informations de base sur les industries extractives dans les cinq pays (Burkina Faso, Guinée Conakry, Mali, Mauritanie, Niger) et de créer un line plus direct entre les différentes équipes dans les pays. Toutes choses qui riment avec la nouvelle Vision africaine des mines (AMV) qui fait de l'exploitation minière un patrimoine à mettre au profit développement.
Présentation commentée du projet (partenariat Irpad/Trust Africa), présentation des pays sur la situation globale des industries extractives et le choix des études de cas, échanges autour du concept de flux illicite des ressources et échanges sur la démarche méthodologique et les outils et élaboration de feuilles de route pays et de la feuille de route régionale pour la suite de la mise en œuvre du projet ont été les points saillants de la rencontre.
Selon Mamadou Gita, président de Irpad, c’est pour décloisonner les démarches de collecte et de traitement des données que l’option a été prise d’organiser cet atelier méthodologique afin de favoriser l’élaboration des études de cas. Il a été une opportunité pour non seulement harmoniser les démarches de collecte et de traitement des données mais aussi d’avoir un format minimal de rédaction des rapports pays.
Pour les organisateurs, la mise en œuvre de ce projet est une opportunité pour mieux mobiliser les différents acteurs dans la lutte contre les flux illicites.
Faute de le pouvoir ou de le vouloir, le constat est que nos Etats ne remplissent donc pas leur rôle de régulation et de contrôle de l’activité des entreprises, ni de répartition des revenus nationaux au bénéfice des populations. Les entreprises minières, quant à elles, sous la pression des organisations de la société civile et de la communauté internationale, adoptent des mesures visant à répondre aux critiques dont elles sont la cible, notamment en mettant en place des programmes qui sont pourtant loin de constituer une panacée, qui ne sont pas toujours participatifs et qui ne s'inscrivent pas dans le long terme et servent trop souvent à camoufler certains manquements des entreprises à leurs obligations légales.
Aux termes des travaux, les participants ont convenu de continuer dans la sensibilisation, l’information des populations et des décideurs tout en diversifiant les sources d’information.
Idrissa Sako
Ils ont dit
Kardia Sanon (chercheur à l’Université de Ouagadougou) :
"Au sortir de cet atelier sur les flux illicites dans le secteur des mines, je ressors totalement satisfaite parce que nous venons d’aborder une problématique qui se trouve au cœur même du développement de l’Afrique étant donné qu’elle est en train de devenir un continent minier. Donc, il faut que les OSC s’organisent pour mener des débats qui permettent au secteur minier d’être un véritable vecteur de développement dans nos différents pays. C’est pour cela que nous regardons de façon assez particulière les transactions qui sont faites et qui ne sont pas souvent tout à fait dans les normes dans le secteur minier".
Mohamed Lemine El Houssein (Mauritanie) :
"Cet atelier nous a permis d’abord d’approfondir nos connaissances sur les industries extractives de manière générale sur les flux financiers illicites. Nous avons appris comment dénicher les informations sur les transactions financières et informer le grand public. Nous avons mis l’accent sur la nécessité pour les OSC de d’organiser de lutter contre les flux illicites. C’est une lutte de longue haleine. Mais, il faut arrêter cette saignée de nos ressources qui vont dans les paradis fiscaux pour enrichir une minorité au détriment de la grande majorité".
Hady Guissé consultant en communication (Guinée) :
"Je viens de terminer un séminaire à Dakar sur les flux illicites financiers des industries extractives en Afrique de l’Ouest. C’est un pas que nous venons de franchir dans le développement de notre sous-région. Parce que, parler des flux illicites des industries extractives, est une étape importante. Nous devons faire en sorte que nous société civile, puissions conjuguer nos efforts pour freiner cette fuite incontrôlable de nos ressources".
Chafik Ben Rouine (Tunisie) :
"Les flux illicites des industries extractives, est une question très importante dans la région ouest africaine. Pour moi, cet atelier nous permet de coordonner nos actions pour sensibiliser l’opinion publique et les décideurs. Ce fut une réussite à mon sens dans la mesure où on a réussi à se mettre d’accord sur les différentes méthodologies et sur un travail qui va prendre plusieurs années et qui va aboutir à la fin à un renforcement de la sensibilisation de l’opinion publique et des forces vives des pays d’Afrique du nord et d’Afrique de l’Ouest sur ces questions là. Donc c’est important qu’on travaille entre les pays francophones et qu’on invite les décideurs publics au prochain colloque pour retranscrire les premiers résultats".
Rassemblés par
Idrissa Sako